La véritable bascule arrive dans les années 70-80, avec ce qu’on appellera la scène Downtown. C’est ici que le jazz new-yorkais s'affranchit définitivement de ses codes, en se frottant sans complexe à l’électricité, au rock bruitiste, à la noise japonaise, et même à la musique classique la plus radicale.
- John Zorn, enfant terrible du sax et des concepts, mélange hardcore, klezmer et improvisation dans ses fameux Naked City et Masada.
- Bill Laswell électrise le jazz avec des collaborations insensées (Herbie Hancock, Bootsy Collins et même Motorhead sur l’album « Strange Attractor » en 1983).
- Laurie Anderson invite improvisateurs et bidouilleurs à se croiser sur une même scène – celle du mythique The Kitchen.
Symbole de l’esprit Downtown : The Knitting Factory, fondé en 1987 par Michael Dorf, devient une ruche où s’inventent les futures directions du jazz expérimental, de la no-wave aux minimalistes de tout poil. Les chiffres sont vertigineux : le club programme jusqu’à 400 concerts par an à la fin des années 90 (Down Beat Magazine, 1998).
Si l’improvisation reste la colonne vertébrale, c’est la curiosité, la férocité créative et le refus de la pureté stylistique qui font la différence. À New York, le jazz expérimental se nourrit sans filtre de downtown punk, d’électronique primitive, de musiques du monde bouleversées par l’exil.