Impossible d’éviter la Grosse Pomme lorsqu’on évoque ce mariage entre jazz et expérience musicale. Ce n’est pas un hasard si les termes « downtown scene » ou « loft jazz » sont devenus synonymes d’avant-garde. Déjà dans les années 1960, c’est à New York que se croisent Cecil Taylor, Sun Ra, Ornette Coleman… Des musiciens qui, loin de se contenter d’improviser “librement”, dynamitent structure, harmonie, et énergie.
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Le loft jazz : Dans les années 1970, des lieux alternatifs comme le Studio Rivbea (tenu par Sam Rivers), l’Artist House ou le Ladies’ Fort deviennent des incubateurs géniaux (New York Times, 1976). La vague “loft jazz” fait entrer la sculpture sonore, le happening, et l’improvisation radicale dans le langage jazz.
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Downtown scene : Dans les années 1980-90, la downtown scene (autour de John Zorn, Bill Laswell, Wayne Horvitz) relie la tradition allemande de la musique concrète, la noise japonaise, et le jazz yiddish new-yorkais, dans un melting-pot sans équivalent (voir The New York Times, 2003). Zorn lui-même n’hésite pas à brouiller les pistes sur des labels comme Tzadik, mêlant free jazz, hardcore, électronique brute et improvisation structurée.
Ce foisonnement new-yorkais, c’est le jazz devenu art plastique sonore, où la frontière entre concert et installation est poreuse. L’audace locale a largement contaminé la planète.