Ce qui frappe, c’est la capacité de ces deux villes à embarquer le jazz européen hors de sa zone de confort, tout en refusant l’uniformisation. Ici, l’hybridation est structurelle : un Griot sénégalais jamme avec un clarinettiste polonais ; un quartette suédois enregistre chez FMP avant de remixer ses masters dans le hacklab d’un club londonien ; une pianiste italienne expérimente des synthétiseurs modulaires à Kreuzberg.
Si le jazz a toujours été une invitation à la mobilité, Berlin et Londres démontrent que la scène expérimentale européenne n’est ni périphérique, ni subalterne. Au contraire : elle est devenue lanceuse d’alerte, éclaireuse, irritante parfois, mais résolument vivante. Suivre la trace de ces musiciens, c’est accepter de ne jamais écouter tout à fait pareil – et d’aller, toujours, au-delà des sentiers battus du passé.