Le ragtime est souvent considéré comme l’un des précurseurs les plus directs du jazz. Si l’on se trouve encore face à une musique essentiellement écrite, les éléments qui vont nourrir le jazz y sont déjà bien présents :
1. La syncopation comme fondement
Le jazz ne serait pas le jazz sans cette façon si particulière de jouer avec le rythme. Le ragtime, avec ses mélodies « décalées » épousant malicieusement un accompagnement stable, a pavé la voie pour une approche rythmique exploratoire. Duke Ellington lui-même parlait du ragtime comme d’une "musique pionnière qui a donné le goût de la surprise rythmique."
2. Un esprit hybride
Le ragtime n’est ni purement africain, ni purement européen : il est une synthèse. Cette capacité à mélanger des traditions a ouvert la porte à une esthétique où les influences multiples se rencontrent et se transforment — un principe fondamental pour le jazz, souvent décrit comme le genre "cameleon" par excellence.
3. Des formes évolutives
Bien que sa structure soit rigide par essence, le ragtime a inspiré des musiciens capables de l’étirer et de l’explorer sous des formes nouvelles. Jelly Roll Morton, souvent considéré comme le premier grand compositeur de jazz, puisera clairement dans les formes du ragtime tout en y ajoutant improvisation et swing.