Cette étincelle, elle arrive avec l’évolution du rythme, et c’est là que tout bascule. Contrairement au jazz de Nouvelle-Orléans où chaque temps de la mesure est marqué avec une certaine régularité, le swing introduit une souplesse nouvelle. C’est une affaire de subtil décalage : on ne joue plus chaque note "dans les clous", mais légèrement en retard, presque en suspension. Résultat : la musique respire, elle prend des allures de conversation vivante, organique. Et surtout, elle fait danser.
L’arrivée des big bands dans les années 1920, menés par des chefs visionnaires comme Fletcher Henderson et Duke Ellington, a servi de laboratoire au swing. Mais c’est dans les années 1930 que tout s’accélère, porté par des musiciens comme Benny Goodman, surnommé le "King of Swing", et Count Basie, qui donne au groove une suavité inégalée. Les arrangements, souvent confiés à de brillants orchestrateurs comme Don Redman ou Sy Oliver, s’enrichissent de contrepoints, de call-and-response entre sections instrumentales et de phrases qui chevauchent le rythme au lieu de simplement le suivre. En d’autres termes, le swing est né d’une véritable audace rythmique.