Si le mot sampling reste encore mal compris dans certains cercles jazz, c’est bien parce qu’il fait voler en éclats l’étiquette surannée d’« authenticité ». Jadis apanage des beatmakers hip-hop bidouillant sur MPC ou Akai, le sampling s’est, à partir des années 1990, immiscé dans les marges créatives du jazz le plus aventureux. Loin de se borner au recyclage passif, il devient processus vivant : réappropriation, jeu, friction.
La première vague voit le sampling utilisé comme clin d’œil, citation ou support de groove. Mais la génération actuelle n’a plus de complexe à manier sampler et saxophone, ordinateur et piano droit. Le jazz étant, depuis ses origines, une musique d’appropriation, de détournement et de dialogue, le sampling n’est finalement qu’une prolongation contemporaine d’un geste fondateur. Sauf que maintenant, on bricole la mémoire des autres avec ses propres mains.