Si Promises saute aux oreilles, c’est parce qu’il refuse toute virtuosité tapageuse, cette tentation permanente du jazz d’en « mettre plein la vue ». Ici, pas de solos pyrotechniques, pas de lignes de basse lourdes, pas d’envolées rythmées — mais une simple ostinato répétée au clavecin et synthés, comme un fil d’Ariane fragile, qui colonise l’intégralité de l’album.
Ce geste structurel — presque radical dans sa simplicité — donne à Pharoah Sanders le rôle d’un narrateur-bouddha. Son saxophone ténor ne surgit jamais en fanfare, il vient, s’installe, soupire, module avec une gravité qui confine parfois au murmure. On touche là à l’une des grandes forces du disque :
- Une écoute de l’espace, du silence, qui rappelle autant Morton Feldman que la tradition improvisée japonaise.
- L’orchestre — loin de jouer les seconds rôles — s’étire parfois vers la microtonalité et la quasi-abstraction, sauf dans le septième mouvement, point culminant émotionnel du disque.
- La « mélodie » principale tient en six notes, répétées près de 340 fois tout au long de l’œuvre (d’après Pitchfork).
En un mot : minimalisme, mais jamais austérité. Cette musique prend le temps, et invite l’auditeur à y trouver sa propre place, à l’écart des dogmes et commémorations inutiles.