Un label, à Chicago, n’est jamais qu’un distributeur ou un fabriquant de vinyles, mais une partie d’une cartographie bien plus large. Clubs (The Velvet Lounge, Constellation, The Hideout), radios communautaires (WDCB, WHPK), écoles de musique… la « scène » est partout, et les labels indépendants y jouent le rôle de convecteur.
Dans les années 1990, les séries hebdomadaires du Hungry Brain permettent à la New Jazz renaissance locale d’éclore hors des radars du jazz-mainstream, avec la complicité de labels qui capturent l’instant. Des statistiques récentes (StageLeftChicago, 2023) estiment que 82% des projets jazz/expérimental enregistrés dans la ville entre 2010 et 2020 sont passés par des labels indépendants implantés localement, avec un pic en 2017-2018 autour du collectif de l’Elastic Arts Foundation.
Cette horizontalité est rendue possible par des relais inter-associatifs (l’AACM, toujours), l’absence de censure éditoriale, et le bouillonnement multiculturel. Avec chaque disque, c’est un pan de Chicago qui se donne à entendre, souvent avant même que le reste du monde ne s’en rende compte.