Plus qu’un simple métissage, la rencontre du hip-hop et du jazz signe la montée en puissance d’un jazz qui parle au monde d’aujourd’hui. Impossible de ne pas citer le basculement majeur de 2015 : la sortie de To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar. Le disque, multi-récompensé et salué autant par la critique rock que jazz, convoque Robert Glasper, Kamasi Washington, Terrace Martin, et relance la question : qui fait quoi ? Où commence le jazz ? Où s’arrête le hip-hop ?
Depuis, la scène jazz américaine a vu ses ventes augmenter de 12% en vinyle (Nielsen Music Report 2015), notamment sur les 18-29 ans. Le jazz n’est plus cette réserve nostalgique pour vieux profs de conservatoire : c’est la nouvelle musique des clubs branchés, des raves engagées, des playlists des beatmakers. En France, l’onde de choc se propage : des collectifs comme The Synesthetic Society à Strasbourg ou les réunions improvisées du festival Jazz à la Villette programment aussi bien des rappeurs que des trompettistes sortis du CNSM.
Et pour la première fois depuis longtemps, c’est le jazz qui provoque à nouveau le débat : ni mort, ni au musée, mais vivace parce qu’imprévisible.