Pour comprendre l’influence des styles historiques, il suffit de se plonger dans les mécanismes créatifs du jazz contemporain. Voici un aperçu de trois « outils » tirés de l’histoire du jazz qui se retrouvent régulièrement dans les musiques d’aujourd’hui :
1. L’improvisation comme langage universel
L’héritage le plus immédiat provient sans doute de l’improvisation. Dès ses débuts, le jazz s’est défini par cette capacité à abolir les frontières entre l’écrit et l’instant. Aujourd’hui, on retrouve cette pratique dans des contextes très divers : que ce soit chez un groupe comme Sons of Kemet, dont les grooves lourds dialoguent avec des improvisations de cuivres abrasives, ou dans l’électro-jazz cérébral de Floating Points et Pharoah Sanders, qui repoussent les limites de ce que peut être l’interactivité musicale.
2. Les rythmiques afro-américaines revisitées
Le swing, ses polyrythmies et ses syncopes n’appartiennent pas qu’au passé. Ces structures rythmiques servent encore souvent de point de départ pour des artistes amateurs d’expérimentations. Makaya McCraven, par exemple, bâtit ses compositions sur des bases rythmiques issues du bop ou de la soul, qu’il déconstruit ensuite via des collages et des traitements électroniques. Les racines sont là, mais elles résonnent autrement, adaptées à nos paysages sonores contemporains.
3. Les mélodies du blues et du gospel
Impossible de parler d’héritage sans évoquer ces deux piliers. Là encore, l’influence persiste, mais se transforme. Écoutez un saxophoniste comme James Brandon Lewis : ses phrases bluesy ne cherchent pas à imiter une figure comme Ornette Coleman, mais à prolonger cette énergie en dialoguant avec des éléments plus actuels – qu’ils viennent du spoken word ou de l’univers du rock.