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Archie Shepp & le feedback : Lors d’un concert à Amherst College en 1979, Shepp invite le guitariste expérimental Fred Frith. Pour la première fois, l’utilisation volontaire du feedback de guitare dans une improvisation de jazz laisse le public pantois – preuve que le jazz aime l’irruption de l’accidentel.
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Esperanza Spalding & Geri Allen avec Wayne Shorter et Danilo Perez, 2012 : Lors d’une session enregistrée pour NPR, Spalding et Allen manipulent des samples live et des traitements sonores pour prolonger la ligne du quartet vers une sorte de “groove spectral”, tissant passé et futur dans la même performance.
Si aujourd’hui, la technologie va à une vitesse qui donne parfois le tournis, la manière dont le jazz américain a continuellement fait place à l’expérimentation, en dialoguant sans hiérarchie avec pionniers électroniques ou compositeurs “hors cadre”, donne à cette musique une vitalité jamais démentie. Les frontières n’y sont jamais fixées pour longtemps, et chaque projet transcende la routine, quitte à déplaire aux gardiens du temple. Le jazz, incorrigiblement, préfère la prise de risque au confort. Et si demain, la plus grande collaboration n’était pas encore à inventer dans un studio anonyme, sous un nom qu’aucun critique ne sait (encore) prononcer ?