Rien n’évoque mieux le jazz que l’invention en temps réel. Mais il y a improviser et faire muter les outils-mêmes de l’improvisation. Dès les années 1960, une frange d’artistes refuse que trompette, piano ou saxophone fonctionnent comme avant. Rejetant le purisme, ils en font des laboratoires. Résultat : ces expériences instrumentales ouvriront des brèches où s’engouffreront les musiques expérimentales, du free jazz new-yorkais aux mutations électroniques mondiales.
Ce saut créatif ne sort pas de nulle part. Alors que le bebop poussait les limites harmoniques dans les années 40, la décennie 60, elle, abat les murs entre styles et fait exploser les carcans sonores : amplification, objets détournés, bruits, extensions vocales, hybridations technologiques… Un terrain de jeu foisonnant, qui fait du jazz le moteur d’une révolution des sens.