Nouvelles textures, nouveaux espaces
À l’ère numérique, l’acoustique n’est plus une limite. La synthèse granulaire (sample par sample), le traitement en temps réel, l’échantillonnage ouvert sur l’infini… Toute matière devient support d’improvisation. Le producteur et musicien Makaya McCraven, par exemple, construit des albums entiers à partir de fragments de jam, réarrangés avec Ableton Live comme un puzzle vivant (Universal Beings, International Anthem, 2018).
- Le son n’est plus linéaire : Les pistes s’effilochent, se superposent, via effets, delays, reverse et filtres analogiques ou numériques.
- Les instruments éclatent : On plugge un micro de contact sur un sax, une pédale de loop sur une contrebasse. Mari Kvien Brunvoll (Norvège) ou Émile Parisien (France) repoussent ainsi la frontière entre bois et circuits.
- L’espace-monde : Grâce aux VST (instruments virtuels) et à la spatialisation, le “groupe” traverse des paysages sonores vastes ou microscopiques, polarisant l’écoute du public (voir le travail du Français Erik Truffaz ou plus récemment du trio Koma Saxo).
Improvisation algorithmique et humanisation du code
L’improvisation, cœur du jazz, mute au contact de l’électronique. Place désormais au dialogue entre humain et machine :
- Algorithmes génératifs (logiciel Max/MSP, patchs sur iPad)
- Séquenceurs ouverts à “l’aléatoire contrôlé” (The Necks, Daedelus…)
- Capteurs de mouvement ou interfaces haptics utilisés sur scène pour moduler le son en ’live’ (Paul Jarret avec Ghost Songs, 2020)
Ici, le code se met au service du groove : c’est la notion de human touch qui rend les matières digitales aussi troubles que le plus sale des claviers Fender d’époque.