On ne peut parler des origines du jazz sans évoquer la Nouvelle-Orléans. Au début du XXe siècle, cette ville portuaire était un carrefour culturel unique, où se mêlaient traditions africaines, rythmes caribéens, marches européennes et hymnes religieux. Des lieux emblématiques comme Congo Square ont vu naître des formes musicales qui allaient poser les bases du jazz, notamment grâce à des figures telles que Buddy Bolden, King Oliver ou encore Jelly Roll Morton.
Mais si cette effervescence a vu le jour à la Nouvelle-Orléans, un événement majeur accéléra la diffusion du jazz : la Grande Migration. Entre 1910 et 1930, des millions d’Afro-Américains quittèrent le Sud pour s'installer dans les grandes villes du Nord et du Midwest, en quête de meilleures opportunités économiques et pour fuir les violences raciales. Parmi eux, de nombreux musiciens emportèrent leurs cornettes, clarinettes et tambours dans leurs bagages.
Chicago devint rapidement une plaque tournante essentielle pour le jazz. Des quartiers comme le South Side accueillent des clubs mythiques, tels que le Lincoln Gardens, où le Creole Jazz Band de King Oliver donna des représentations qui firent date. C’est ici que Louis Armstrong, tout droit venu de la Nouvelle-Orléans, révolutionna l’approche du soliste dans le jazz. La ville, alors en pleine industrialisation, devint une caisse de résonance pour cette musique nouvelle, attirant une clientèle urbaine avide d’émotions fortes après les journées de dur labeur.