Dès les années 1950-1960, les jazzmen européens ne cherchent plus seulement à imiter la note bleue américaine. Citons le label ECM – fondé à Munich en 1969 –, pivot décisif dans l’affirmation d’un jazz nord-européen : ambiance feutrée, influences de la musique classique, ouverture au silence et à l’espace (voir Keith Jarrett, Jan Garbarek, Tomasz Stańko). Mais la France, pays en état de jazz permanent, n’est pas en reste. Dès les années 1970, la scène hexagonale se démarque : Michel Portal brise le moule, ouvert aux musiques contemporaines, au folklore, à la musique de film ; Louis Sclavis insuffle au jazz une culture de l’expérimentation et du récit.
Les années 2000 ont vu cette tendance s’accélérer. Le jazz moderne français n’hésite plus à dialoguer avec l’électro (Erik Truffaz, Laurent de Wilde), la chanson (Émile Parisien & Vincent Peirani), les musiques africaines (Ablaye Cissoko & Volker Goetze) ou même le rap (Roberto Negro, Leïla Martial). Du côté britannique, la fameuse UK jazz explosion de la décennie 2010 – menée par Shabaka Hutchings et Nubya Garcia – a prouvé que Londres pouvait rivaliser, voire influencer, la scène new-yorkaise en mêlant afrobeat, grime, spiritual jazz et post-punk (The Guardian, 2019).
- Hybridation permanente : Le jazz moderne français et européen fonctionne comme une éponge, absorbant toutes les musiques : pop, rock, electro, musiques inventées, récits traditionnels…
- Décentralisation : Les pôles historiques cèdent le pas à de nouvelles géographies (Suisse, Scandinavie, Portugal, Balkans).
- Héritage vivant : Les musiciens ne renient ni Django, ni Monk, mais ne tombent pas dans la museification stérile.