Le jazz ne serait pas ce qu'il est sans le gospel, cet autre pilier issu de la diaspora africaine. Né des spirituals, ces chants religieux amalgamés d'influences chrétiennes et africaines, le gospel a insufflé au jazz son intense expressivité.
Les Negro Spirituals : une lueur dans les ténèbres
Dès le XVIIIe siècle, la conversion forcée des esclaves au christianisme amène beaucoup d'entre eux à adopter – mais aussi à transformer – les hymnes religieux des colons. Les Negro Spirituals, ces chants d’espoir imprégnés de foi, évoquaient aussi des promesses de libération, à la fois terrestre et spirituelle. Certains des plus célèbres, comme “Go Down Moses” ou “Swing Low, Sweet Chariot”, ont traversé les âges, porteurs d’un double discours : exaltation religieuse d’un côté, appel à l’émancipation de l’autre.
Le gospel : un art de la performance
Ce n'est qu'au début du XXe siècle que le gospel en tant que genre émerge véritablement, porté par des figures comme Thomas A. Dorsey, souvent considéré comme le père du gospel moderne. Avec son intensité dramatique, ses envolées vocales et son rapport viscéral à l'émotion, le gospel est presque une performance à part entière.
Les harmonies envoûtantes des chœurs gospel et leur relation intense au public (ou à la congrégation) trouvent une résonance immédiate dans l'expressivité du jazz. L'improvisation, centrale à l'esprit du gospel, deviendra le cœur battant du jazz, que ce soit dans le scat joyeux de Louis Armstrong ou les élans introspectifs de John Coltrane.