À la Nouvelle-Orléans, les fanfares ne se contentaient pas de déambuler dans les rues pour de simples divertissements. Elles étaient profondément ancrées dans le quotidien des habitants. Leur rôle dépassait largement celui des ensembles européens classiques.
Les "jazz funerals", ces cortèges funéraires rythmés par des fanfares, illustrent parfaitement cette union entre le sacré et le profane. Traditionnellement, le cortège commence par des morceaux lents et solennels, jusqu’à ce que la procession atteigne le cimetière. Une fois les hommages rendus, la musique s’accélère et devient joyeuse, célébrant non pas la mort, mais la vie. Cette alternance entre mélancolie et exaltation est l’un des principes fondateurs du jazz, où les contrastes entre tempos, dynamiques et émotions prennent toute leur place.
Les fanfares jouaient également lors de carnavals, parades et réunions communautaires. Ces moments étaient propices à la création spontanée, à une musicalité libre que les normes académiques ne bridèrent pas – une caractéristique essentielle que le jazz allait hériter et amplifier.